ANGREAU VILLE DU HAINAUT BELGE

Angreau d'hier et d'aujourd'hui

ANGREAU, HISTOIRE, PATRIMOINE

Textes extrait de "Le vent des Honnelles m´a dit..." de Mrs Alain Audin et Charles Cambier

Les Honnelles

Les Honnelles

Les Honnelles apportent la transition brutale du fleuve de plaine à un autre de montagne, et celle aussi d'étiage et du régime des eaux. Autant les affluents des rivières du bassin de l'Escaut sont calmes, autant, pour faire exception, les eaux des Honnelles s'avèrent agitées. Leur régime torrentiel les classe comme une rivière ardennaise.
Les Honnelles Ce nom étrange viendrait de la traversée du petit village de Hon, devenu par ailleurs le patronyme de beaucoup de familles de chez nous. En France, on trouve pour dénomination l'Hogneau, terme qui désigne la Grande Honnelle aux seuls Français quand elle entre en Belgique à hauteur de « Chez Mireille », sortant nerveuse du goulot qui l'enserre de toutes parts. A la différence des eaux sales et boueuses charriées par la Haine et ses affluents, comme le Grand Séquis, les eaux en Haut-Pays sont claires, troublées parfois par de fortes pluies ou la fonte des neiges.
Alors, les Honnelles se gonflent, et, une fois en moyenne par décennie, elles débordent intempestivement. Mais par la douceur de vivre qu'elles apportent, elles savent, il est vrai, se faire pardonner. La Grande Honnelle naît à la fontaine de Sainte-Aldegonde. En vingt-six kilomètres de parcours, elle chute de cinquante-cinq mètres. L'Hogneau traverse les- villages français de La Longueville, Taisnière-sur-Hon, où il reçoit plusieurs petits affluents venus de Sars-La-Bruyère. Il passe ensuite par Hon-Hergies, Bellignies, Gussignies, et vient, mué en Grande Honnelle, séparer Roisin d'Angre, récidiver pour Angreau, traverser Angre, Baisieux, Quiévrain, et nous quitter, gonflé des petites Honnelles et redevenu l'Hogneau. Il ne dessert alors que les villages miniers, où il s'enlaidit des impuretés vomies par les usines. Il serpente par Crespin, Thivencelles, et rejoint la Haine à Condé avant que tous deux ne se jettent dans l'Escaut.
Le long du parcours de la Honnelle s'étaient installés moulins, fabriques, marbreries. Aujourd'hui, tous ont disparu, et la rivière n'est plus que le véhicule des histoires transmises avec ferveur de père en fils.
Le régime torrentiel de la Grande Honnelle la dote de crues subites et imprévisibles. Son courant impétueux charrie alors des boues et pierres, arrachées par le gel ou la pluie aux coteaux.
On attribue surtout les causes d'inondation au déboisement, parfois agressif, de certains lieux, et au redressement du cours d'eau. Pour pallier aux ravages causés par les courants descendants, on a accentué les méandres de la rivière, ce qui se fait presque naturellement, et allongé le parcours de la Honnelle par la création de barrages de retenue des eaux, afin de corriger la vitesse de dévalement.
Par grand orage, le resserrement des eaux dans la gorge occasionne rapidement une saturation du flot très spectaculaire. En 1910, le comble fut atteint avec l'orage gigantesque qui s'abattit sur Bavay, noyant Roisin, Angre et Quiévrain.
La Petite-Honnelle possède le même caractère. Née en France dans la « Petite Suisse » qui part de Bavay, elle vient par Bellignies, Gussignies à Erquennes, baigne Athis et longe les remparts de Rampemont vers Montignies-sur-Roc, puis Audregnies, et enfin Baisieux où elle coule en parallèle avec sa grande soeur, qu'elle rejoint quelques centaines de mètres plus loin.
L'Aunelle, qui vient tracer la frontière à Marchipont, prend sa source au Sud-Est du Quesnoy, et crée le sillon d'où émergent des eaux qui prendront la direction de l'Escaut ou de la Meuse. Elle passe par la dépression de Bavay, et se dirige vers la frontière par Sebourg pour se mêler ensuite à la Honnelle.
Outre l'étymologie déjà citée autour de « hon », nos rivières pourraient devoir leur nom à l'Aulne, cet arbre commun à nos régions. On raconte qu'un paysan, voulant démontrer sa force et son agilité, prétendit sauter plus d'une aulne (très ancienne unité de mesure qui variait d'après les régions). Pour ce gaillard d'Angreau, sauter l'Aulne était encore le moyen le plus facile de traverser la rivière. Pris au mot, il se mouilla les pieds dans l'Aulne, et fut la risée de tout le village.