ANGRE VILLE DU HAINAUT BELGE

Angre d'hier et d'aujourd'hui

ANGRE, HISTOIRE, PATRIMOINE

Textes extrait de "Le vent des Honnelles m´a dit..." de Mrs Alain Audin et Charles Cambier

LA SEIGNEURIE

Domaines et Châteaux

Angre était possession du Comté de Hainaut. Son château, entouré de douves et de fossés, ses terres et pâturages, appartennaient en partie aux seigneurs de Beaufort, aux Hennin-Liétard, aux de Musars (ou Masard), à la Maison de Solesmes, aux Seigneurs haut-justiciers de Sars (La Bruyère), avant de passer entre les mains des barons de Roisin, des Trameries et de Saint-Aldegonde (célèbre lors de la Réforme), puis enfin des Louvencourt qui possédaient le bien à la Révolution Française et ont encore de grandes propriétés foncières dans la localité et sur Bellignies.

Une des empreintes des armoiries d'Angre au XIIIe siècle est conservée aux archives nationales à Paris. Ce sceau représente le chevalier Jean de Beaufort, à cheval et armé de toutes pièces, tenant au bras un écu orné de ses armoiries.
Le contre-sceau est un écu, qui porte lui aussi les armoiries des de Beaufort, d'azur à trois jumelles d'or.

La cense de la Loquetière semble située à l'emplacement de l'ancien château-fort, qui n'a pu résister aux Révolutions.

Henry d'Angre, Empereur de ConstantinopleHenri Ier de Constantinople sur wikipedia

On ne peut évoquer Angre sans citer celui de ses fils qui fut, sans conteste, le plus insigne, puisque les hasards de la famille et de la Sainte Croisade firent de lui un Empereur de Constantinople.

On dit que ce digne fils de Baudouin V de Hainaut et de Marguerite d'Alsace vit le jour à Valenciennes, ou à Mons, voire à Angre, même si la majorité des historiens situent l'événement à la Cour comtale de Valenciennes le 29 août 1177.

Troisième fils né en cette famille, et portant le titre de seigneur d'Angre, Henry a le naturel vindicatif de la lignée issue de Regnier au long Col. Lorsque son frère Baudouin envisage de partir en Croisade, Henry, désireux de courir lui aussi l'aventure, sollicite d'être armé chevalier.
Mais son père, le fameux Baudouin qui avait succédé en Flandre à Philippe d'Alsace du chef de son épouse Marguerite, préférait tempérer les ardeurs belliqueuses du jeune homme qui décide de braver l'autorité paternelle. Henry quitte le château familial, court chez le Comte de Boulogne, qui l'aliène et l'arme Chevalier en juillet 1194.
Ainsi « émancipé », le jeune homme vole au secours de son frère contre les entreprises du Duc de Brabant. Quand l'aîné devient Baudouin VI en 1195, Henry d'Angre lui sert de témoin aux lettres, lors du Traité d'alliance entre le Hainaut et Jean, Seigneur d'Irlande et de Morton. Un traité dirigé contre la France.
Il témoignera encore pour une trêve accordée à la Ville de Tournai et en 1200, grand jeune homme plein d'ardeur et d'audace, il prend solennellement la Croix et signe, comme témoin encore, les chartes accordées par son frère.
C'est le départ pour le Moyen-Orient, alors le bout du monde. On emprunte à Venise les vaisseaux du doge Dandolo. On se fait la main au passage contre la petite minorité de Zara, sur la côte dalmate. Celle-ci, bien sûr, ne demandait rien, mais Baudouin n'avait pas l'escarcelle suffisamment garnie pour payer le transport maritime de ses troupes aux Vénitiens qui avaient exigé en solde le pillage de Zara. Puis vient Constantinople, que les soldats chrétiens, dans leur fougue confondent avec Jérusalem. A la tête d'un deuxième corps d'armée composé pour majeure partie d'Hennuyers, Henry mène les premières attaques contre les murs de l'ancienne capitale romaine, le 5 juillet 1203. Un an après, quand tombe Constantinople, il s'empare du château de Blaquernes et se remplit copieusement les poches des biens qu'il y trouve.
Très fraternel, il fait acte de vassalité à son frère, devenu Roi du nouveau royaume latin de Constantinople qui accueille cet hommage la larme à l'oeil. Larme prémonitoire, sans doute, car Baudouin, parti poursuivre les infidèles en Bulgarie, y trouva, dit-on, la mort. Se rendant au voeu général, et en particulier à celui du Pape, Henry, seigneur d'Angre, accepta la couronne et fut sacré par le patriarche Moricini.
Cela se passait le 20 août 1206. Un an après, il épousait Agnès, la très belle fille du marquis de Montferrat, roi de Thessalonique. Elle lui donnera un fils à l'existence éphémère. Henry lui-même ne fera pas de vieux os : le 3 juin 1216, âgé de trente-neuf ans à peine, du poison mêlé à sa nourriture met fin à ses jours. Ce sera, pour Angre, le début d'un imbroglio de succession basé sur celui de la généalogie. La seigneurie passe à Isabelle, fille de Philippe de Hainaut, qui épouse Baudouin d'Alsace, comte de Hennin-Liétard. A la mort d'Isabelle ,la seigneurie d'Angre restera l'apanage des Hennin-Liétard.