ELOUGES VILLE DU HAINAUT

Un hommage à Mr Charles Debove

LE CULTE

Les deux paroisses

Les deux églises d'Elouges, celle du Mont et celle du Val, sont toutes deux placées sous la protection de Saint-Martin. L'autel élougeois fut donné à Saint-Ghislain en 1190 par Odon, évêque de Cambray. La séparation en deux paroisses remonte à la division territoriale entre chefs de guerre différents. Il y aurait eu, aux origines, deux autels païens assez rapprochés. Elouges, en effet, se présente à l'heure actuelle comme une seule agglomération. Mais on remarque encore au Courteville, au Quevauville, près de la Maison communale, au lieu-dit « Là-Haut » et à la Citadelle, un imbriquement de maisons, de ruelles, d'impasses, qui situent les centres de communautés vivantes établies sur les flancs des petites collines qui ont fait Elouges au Mont et Elouges au Val.
La paroisse du Monceau, appendice, aux origines, de l'autel de Dour, prend sa racine dans le bas de la vallée, s'élève d'un seul jet vers les Hauts d'Elouges, et ensuite sur la crête qui domine tout le pays à l'emplacement de l'antique ferme de la Courte à Wihéries.
L'établissement, sur Elouges, de revenus destinés à alimenter le trésor de Saint-Ghislain, ou de Crespin, prouve la division des deux communautés. Naguère, gens du Centre et du Monceau, les enfants, se livraient de considérables batailles de rues. Les rendez-vous au pied des Monts pour des batailles rangées reflétaient une ancienne animosité. Celle, existant depuis les temps les plus reculés, entre ceux d'Elouges au Val et d’Elouges au Mont.

Les cimetières

Avec Charlemagne, on n'enterre plus à la mode franque. Les nouveaux chrétiens vont reposer autour des églises et, quand ils peuvent payer, à l'intérieur de celles-ci. Avec l'obligation ultérieure d'émigrer hors des agglomérations, les cimetières élougeois iront ailleurs, même si celui du Monceau constitue purement et simplement une prolongation de l'ancien.
Sur le côté latéral gauche du cimetière du Centre, on relève les tombes des Le Tellier, qui ont fourni de nombreux bourgmestres à la localité. Celles, aussi, des Debove, et de Louis Cambier, dont nous avons signalé le rôle joué à la tête des volontaires dourois en 1830.

L'église d'Elouges-au-Val

L'église d'Elouges-au-Val a changé plusieurs fois d'emplacement. Lors de son établissement, elle devait occuper l'emplacement de l'ancienne basilique romaine, située au milieu des grandes fermes. Dans ce temple païen, ou plutôt religieux d'avant l'ère chrétienne, on se réunissait pour parler, mener des transactions, et participer aux fêtes des religions officielles.
L'église du Val actuelle, reconstruite en 1865, a dans ses substructures les mêmes composantes que cet ancien bâtiment, simple et ample. Elle a conservé les pierres d'établissements antérieurs. L'église comporte une tour monumentale à façade, une triple nef à cinq travées, et un choeur à chevet plat. Le mobilier, en chêne, appartient au néo-gothique. A l'extérieur, on trouve plusieurs pierres funéraires relevées de l'ancien cimetière, dont une du XVe siècle.

L’église d’Elouges-au-Mont (Monceau)

Elle forme dualité avec sa consoeur d'Elouges-au-Val, orientée quant à elle vers l'Est (comme les anciens temples des adorateurs du Soleil). Le Monceau vit se dérouler, sur son tertre, toute une tranche de la vie des Francs.
L'existence de l'église du Monceau commence sans doute aux invasions normandes. On peut concevoir l'abandon, momentané, de l'Oratoire du Val, et l'extension d'un groupe préférant le site nouveau. Ensuite, on se serait partagé l'influence religieuse et les revenus des dîmes.
Aux origines, l'église du Monceau devait être une sorte de grange en torchis. Selon Debove, la nouvelle église serait la quatrième. La deuxième et la troisième auraient eu les mêmes dimensions que celle d'aujourd'hui, moins celles du choeur. La nef de l'église romane est assise sur le massif de craie, presque limité à son étendue, vierge de toute excavation si l'on excepte les reliefs d'une hutte de franc (sans doute l'ancien oratoire repris par les Chrétiens).
Debove affirme exactes les inhumations qui eurent lieu à cet emplacement vers l'an 900. La sépulture ressemble à celle retrouvée si souvent sur les Monts d'Elouges, et a précédé de peu l'édification du temple roman. On approchait en effet de la grande « terreur » de l'An mille, et le peuple bâtissait églises et cathédrales pour... se rapprocher du ciel.
Lors de la démolition de l'église précédente, au siècle dernier, Debove trouve une tombe (de 1350) et, à l'intérieur de celle-ci, des vases funéraires dont l'usage s'explique pour une raison d'hygiène. Certaines familles très riches brûlaient de l'encens autour du cadavre durant les jours où il restait dans la demeure avant de partir pour l'église et le tombeau. Au moment de placer le corps dans la bière, on déposait les cendres refroidies aux quatres coins du cercueil. Il s'agissait d'une réminiscence païenne, tolérée puis reprise par l'église chrétienne.
En 1759, les habitants du Monceau, lassés de se voir desservis par un vicaire de Dour, revendiquent auprès de l'archevêque de Cambray en vue d'obtenir un prêtre bien à eux. En vain, mais qu'importe : ils insistent, par l'intermédiaire du fiscal Papin, pour que le Conseil souverain de Mons appuie leur demande. Celle-ci sera rencontrée en 1771, alors que le vicaire de Dour résidait, enfin, au Monceau. L'église en avait, auparavant, vu de belles : transformée en caserne en 1636, après avoir été pillée en 1572.

Les Tombeaux d’Elouges-au-Mont (Monceau)

L'existence d'un établissement très ancien près de l'ancienne fosse de la Toureille, où un groupe de maisons populaires témoigne encore de nos jours de l'existence de l'ancien fief.
Deux tombeaux francs ont été mis à jour au coron Martin-Chêne. Martin... voilà un nom très fréquent aux Xe et XIe siècles, et après tout, il peut avoir séduit les parents d'un futur chef franc.
En 1791, on a mis à jour deux tombes en pierres sèches, et en 1873, près de l'église du Monceau, un squelette franc. Le Mont servit énormément de lieu de carrière, les pierres extraites, dites aussi de Wihéries, ayant bâti presque tous les bâtiments des deux corons de Wihéries et d'Elouges.
Avant l'ère charbonnière, et alors que la masse des terrils ne barrait pas l'horizon, les moines de l'abbaye avaient profités de la nature du terrain pour créer un petit barrage et rendre productifs les fonds et viviers alimentés par les eaux dévalant de Wihéries en provenance des Jonquières de Rosières.
Les Francs avaient une prédilection pour établir leur sépulture en terrain crayeux, ce qui explique l'installation de cimetières dans les zones très calcaires des Monts d'Elouges et du Monceau. Nous avons dit, déjà, que Charlemagne avait brisé la tradition et interdit les inhumations sur les collines, rompant avec les anciennes superstitions. Malgré tout, au IXe siècle, des « réfractaires » passent outre la règle, et ils se font inhumer dans le sol crayeux du Monceau.

Le Curé Bar

Natif de Montignies-sur-Roc, le curé Bar a su conquérir ses paroissiens par sa simplicité.
Aux heures noires de la guerre, celle de 14-18, le curé Bar fut, déjà, une des âmes de la Résistance. En 1940-45, surveillé comme ancien prisonnier politique, il est souvent parvenu à tromper la vigilance de l'occupant et à aider ceux, nombreux, qui frappaient à sa porte.
C'est lui qui avait réuni l'essentiel du mobilier de son église du Monceau. On y voit des peintures sur toile du XVIIe, une croix triomphale à terminaison fleur de lysée, bois sculpté et polychrômé du XVIe. Une statue en bois représente Saint Joseph, une autre Sainte Thérèse (1928). On note deux autels à portique en bois sculpté du XVIIle, et des fonts baptismaux monopédiculés en pierre du pays du XVe ou XVIe siècle, appartenant au mobilier de l'ancienne église romane.