AUDREGNIES VILLE DU HAINAUT

Remerciements à Mr Michel Tromont

AUDREGNIES, HISTOIRE, PATRIMOINE

Textes extrait de "Le vent des Honnelles m´a dit..." de Mrs Alain Audin et Charles Cambier

LA SEIGNEURIE

Domaines et Châteaux

L'établissement « La Claire Fontaine », à l'emplacement de l'ancien château, a reconverti une partie des douves en bassin de natation. L'immeuble possède des caves immenses, où on pourrait trouver des ensembles datant de l'ère des Templiers, celles utilisées par les seigneurs d'Audregnies, que l'on vit sur tous les champs de bataille, pour éliminer les gêneurs. Mais les oubliettes sont heureusement comblées. .

Audregnies a une origine fort ancienne, puisque l'on y a trouvé des silex du paléolithique et des aqueducs de l'ère romaine. Plusieurs petits fiefs se sont partagés son sol dépendant de l'abbaye du Catteau, des seigneurs de Quiévrain, ou encore, de ceux de Fayaulx (1435), de Guillaume Bauduin ; on a la tenance de Jacques Lefèvre, celle de Ciply, la Fontaine du Maréchal et le fief de Forest. Bien vite, cependant, tous vont s'effacer devant le château et le monastère des Trinitaires.

Le château était l'apanage d'une famille dite d'Audregnies, qui participa aux Croisades. Cette lignée s'apparentait à celles d'Harchies, de Ville, de Strépy ; et on la cite comme une branche cadette de la Maison des Hennin-Liétard, avec armoiries d'or à cinq bandes de gueules.
Allard, seigneur du lieu et de Strépy, fonde vers 1220 ou 1224 le monastère des Trinitaires (On connaît une autre institution dont le siège était Lens). Cette fondation pieuse se voue au rachat des prisonniers tombés entre les mains des infidèles.
A Azincourt, en 1415, un seigneur d'Audregnies périt sur le champ de bataille. La terre passera au XVème siècle aux de Lannois, puis aux Revel (au XVIème), et aux Roisin, pour suivre chez les Preulmontault, les Bethencourt, la Maison de Fontaine, les Baillencourt. Ceux-ci l'on racheté en 1722 pour la somme, modique, de nonante mille livres.
Les seigneurs d'Audregnies avaient les trois justices.
Le château fut détruit lors des révoltes contre Charles-Quint, qui donna ordre de le raser.
On raconte que le Sire d'Audregnies, désireux d'exercer ses droits, fit bâtir le pilori malgré l'opposition de ses gens, érigés en commune depuis 1256. Les habitants de la localité, avec, à leur tête, le « mayeur » héréditaire, jetèrent bas cette pierre d'infamie une nuit, au bruit des cloches. Outré, le seigneur fit serment de ne plus remettre les pieds dans son château. Il mourut la nuit suivante, de rage paraît-il. On peut, en cherchant bien, découvrir aujourd'hui encore sur la place publique, le socle de l'ancien pilori.

La seigneurie d'Audregnies consistait en un château et bassecour entourés d'eau du sol jusqu'au pont-levis, il y avait une hauteur de vingt pieds. Le corps de bâtiment comprenait : une cour, des cuisines, une chapelle, une salle d'armes, une salle à manger, diverses chambres, un donjon, deux pigeonniers, six écuries. Plusieurs souterrains servaient de caves, de brasserie, de boulangerie et même de prison. Le château fut brulé en 1793 par les troupes du général FERRAND.

Le droit de chapon pouillage

Un ancien écrit féodal intitulé Dénombrement de la terre de la seigneurie d'Audregnies précise entre autres choses, la hauteur des impôts et redevances en nature dus par les habitants du village. Il s'exprime ainsi "tous les manants du dit lieu doivent chacun un chapon, en droit seigneurial du cinquième denier tant aux aliénations des mains-ferme que des fiefs relevant de la dite seigneurie, en droit de maltote de deux patars à chaque tonne de bierre qui se débite au même lieu, quatre pots de bierre à chaque brassin,..." (sic).
Peut-être est-ce déjà l'air du temps. ou quelque attitude frondeuse, mais, dès 1779, plusieurs habitants d'Audregnies refusent ou "oublient" de faire parvenir leur chapon annuel au seigneur ou à son receveur.
Le 25 décembre 1785, alors qu'il prend une tasse de "décoction de fèves étrangères" (c'est ainsi que les médecins appelaient le café), le maïeur GLINEUR reçoit une requête adressée à l'administration communale en ces termes :

"Messeigneurs, Remonte très humblement, Antoine de Biler, demeurant en cette ville de Mons, receveur actuel du produit de la terre et seigneurie d'Audregnies, adjoint au besoin de Monsieur Nicolas-Joseph de Behault, écuyer lieutenant, prévôt de la dite ville et prévôté de Mons, exécuteur testamentaire du testament de messire Charles-Alexandre lacinte-Janvier, comte de Baillencourt, viscomte de Wielte et de Norton, baron d'Antignies, seigneur d'Audregnies et vivant prévôt de Mons, qu'entre autre droit compétants au seigneur et à la seigneurie d'Audregnies, il est un droit qu'on nomme chapon-pouillage consistant en un chapon que chaque ménager du dit lieu indistinctement doit payer annuellement à la Noël.
Ce droit est fondé en titres et a toujours été payé de toute ancienneté et avec exactitude jusqu'à la mort de mon dit comte de Baillencourt. Mais depuis lors, on ne sait sous quels prétexte ni fondement, il est certains habitants tels entre autres que François Michez, Henry Broncharte, André-Joseph Anecart, Adrien Cuvelier. Jacques Bernier et Jean-François d'Harcourt, ont cessé de satisfaire à ce droit, de sorte que depuis l'année 1779 on ne put d'eux percevoir quoique chaque année on se fut présenté à cet effet toutes formations d'usage observées ; d'où il semble qu'ils entendent de contester ce droit.
Et comme en cet état de choses il ne reste plus que les voies de justice pour vaincre leur opiniatreté et leur déciller les yeux sur l'injustice de leur procédé.
Aux causes Antoine de Biler, adjoint comme dit est de mon dit sieur de Behault prend son recours vers vous Messeigneurs, afin qu'en déclarant les avant nommés, savoir François Michez, Henri Broncharte, André-Joseph Anecart, Adrien Cuvelier, Jacques Bernier et Jean-François d'Harcourt, soumis vers la seigneurie d'Audregnies au droit de chapon pouillage consistant en une redevance annuelle d'un chapon, vous soyez servis de les condamner et puis faire contraindre à satisfaire promptement à ce droit pour toutes années échues depuis 1779 inclusivement, jusque à présent".

Personne n'ajoute si ces familles audregniennes ont été condamnées puis contraintes, mais ce qui est certain, c'est que la révolution de 1789-1790 contre le régime de Joseph II avait relégué ce droit féodal dans les oubliettes de l'Histoire locale.