QUIÉVRAIN VILLE DU HAINAUT

Texte extrait du travail de Monsieur Théodore Bernier ecrit en 1886

LE CULTE

Paroisse et Eglise

On pouvait encore voir, vers 1870, les restes de la première église, Vue de l'Eglise à partir du vert-bocage vers 1900 qui devait constituer un monument solide, construit avec les moellons de grès récupérés des anciennes constructions païennes. On en mentionne la construction en 1148, une simple chapelle castrale devenant alors la paroisse Saint-Martin érigée en dehors du castrum. En 1425 le seigneur d’Enghien dévasta le pays, l’église fut rasée. son autel était la propriété du chapitre métropolitain de Cambrai ; il faisait partie du décanat de Bavai et ressortissait au diocèse de Cambrai dès 1148. La paroisse a été annexée au diocèse de Tournai par décret du 16 octobre 1803.

En 1774, l'église de Quiévrain avait un revenu de 2.076 livres 5 sols 6 deniers : elle était alors desservie par un curé et deux vicaires. Le curé recevait pour rétribution des obits 424 livres 14 sols. Le premier vicaire 119 livres 10 sols, et le second 99 livres 9 sols.

L'église est dédiée à saint Martin, l'un des saints les plus populaires de notre pays ; dans le seul diocèse de tournai, sur 464 paroisses, il en est le patron titulaire de 84. La grande vénération dont il est l'objet en différentes contrées, est expliquée par Suplice-Sévère, dans son histoire de ce saint :

" On voyait Martin, dit-il, accompagné de ses religieux, parcourir le pays en renversant les monuments druidiques et les chênes consacrés par le vieux culte national des gaulois, en même temps que les temples et les statues des dieux romains. Vainqueurs et vaincus, succobaient à la fois sous ce nouveau conquérant. Et cependant, les populations rurales défendaient leurs autels, leurs arbres séculaire avec un acharnement qui allait jusqu'à menacer la vie de saint Martin. Mais il bravait leur colère avec autant de résolution qu'il en mettait à lutter contre les démons ; car au milieu de ses courses apostoliques, comme Antoine au fond de sa Thébaïde, le grand évêque se voyait assiégé par d'affreux fantômes qui prenait la forme des dieux dont il venait briser les autels et qui lui apparaissaient sous la figure de Jupiter ou de Mercure, plus souvant encore Vénus ou de Minerve, et qui faisaient retentir l'air de leurs clameurs et de leurs injures."

Il est probable que saint Martin, au IVe siècle, détruisit un temple païen qui se trouvait à Quiévrain pour y établir une église chrétienne ; dans tous les cas cette paroisse, comme la plupart de celles possédant des églises dédiées à saint Martin, recèle des traces du séjour des romains, preuve qu'elle était habitée à l'époque de l'apostolat de ce saint.

Construite dans le style ogival tertiaire, cette église a trois nefs : on l'éleva sur l'emplacement de l'église précédente, vers l'an 1500. Incendiée durant les guerres qui ravagèrent notre pays au mois d'août 1676, alle fut reconstruite à l'exception du choeur. Le clocher, l'un des plus beaux du pays, a été construit vers 1686 d'après les plans de Paul du Longpot, architecte de Valanciennes.

L'église conserva les restes de beaucoup de membres de la famille de Croy, qui la dotèrent richement. On cite ainsi une donation de Charles de Croy, duc d'Aerschot, prince de Chimay, Comte de Portien Beaumont et Seneghem, Baron de Kieuvraing, seigneur d'Avesnes, Lillers-Saint-Vennant et Wallers.

Le 25 mai 1943, la foudre frappa le clocher de l'Eglise

Le 25 mai 1943, la foudre détruisit la flèche de seize mètres.
Et dans la même année, l'occupant allemand emporta les cloches qui furent remplacées en 1948 par Maria (1200 kilos) et Jehanne (600 kilos).

Epitaphes de l’église de Quiévrain

Extrait du manuscrit 1506 du fonds Goethals à la bibliothèque royale de Bruxelles; autographe de Pierre d'Assignies, religieux de Cambron, folio 109 verso:

A la chapelle de Sainte Barbe, une tumbe eslevée de marbre :

CROY

MOEURS

QUIÉVRAING

ALBRET

BRETAIGNE

CY GIST ILLUSTRE ET VERTUEUSE DAMOISELLE ISABEAU DE CROY FILLE DES ILLUSTRES PRINCE ET PRINCESSE DE CHIMAY, QUI TRESPASSA LE 10e APURIL 1524, AVANT PASQUE, AU 21e AN DE SON AAGE.

A la chapelle de Sainte Barbe, une tumbe eslevée de marbre :
Marbre plat contenant la figure d'un homme armé avec sa femme.

LESCLATIÈRE

MASTAIN

FONSSONE

MASMINES

CHY GIST NOBLE ET VERTUEUSE DAMOISELLE JEANNE FILLE AU SR DE LESCLATIERE, ET FEMME A NOBLE ESCUIER CHARLES DE SOMAING, MAISTRE D'HOSTEL DU PRINCE DE CHIMAY, ET SON PREVOST DE KIEURAING, LAQUELLE TRESP. DISANT LOUE SOIT DIEU. 21e MAY L'AN 1529.

Inscriptions sur les vitraux du choeur :

CROY

CHASTEAUBRIANT

LUXEMBOURG

ESTOUTEUILLE

PHILIPPE, SIRE DE CROY, DUC D'ARSCHOT, PRINCE DE CHIMAY, MARQUIS DE RENTY, COMTE DE PORTIEN, SENEGHEM ET BEAUMONT, SEIGNEUR D'AVESNES, LILLERS, HAURECH, WALLERS, ETC…, ET MADAME DE CROY ONT DONNE CESTE L'AN 1554.

Inscriptions sur les vitraux du choeur :

LORRAINE

GHELDRE

BOURBON

LUXEMBOURG

CHARLES DE CROY, DUC D'ARSCHOT, PRINCE DE CHIMAY, COMTE DE PORTIEN, BEAUMONT ET SENINGHEM, SR D'AVESNES, LILLERS, ST VENANT, WALLERS ET LOUYSE DE LORRAINE, FILLE DE CLAUDE, DUC DE GUISE, ONT DONNE CESTE ..1555.

Inscriptions sur les vitraux du choeur :

HALLEWIN

NOIRCARME

LANNOY

BARBANSON

PHILIPPE DE CROY, DUC D'ARSCHOT, PRINCE DE CHIMAY, COMTE DE PORTIAN, DE BEAUMONT ET DE SENIGHEM, SR D'AVESNES, LILLERS, ST VENANT, WALLERS, ET MARIE DE HALLEWIN, DAME DUDICT LIEU ET COMINES, ETC… ONT DONNE CESTE VER

Le Mobilier

Intérieur de l'Eglise

Le mobilier de l'église comprend une toile du XVIIIe siècle représentant l'assomption de la Vierge, une autre, datée de 1724, figurant le Martyre de Sainte Barbe et un panneau en bois du XVIe une nativité. On trouve encore sept statues baroques en chêne, la chaire de vérité du XVIe, une tribune des orgues à panneaux pleins chantournés du XVIIIe. Une cuve circulaire en pierre moulurée (XVIIIe) constitue les fonts baptismaux, sur socle de croix funéraire gothique du XVIe. L'ancien a probablement été détruit par les iconoclastes.