QUIÉVRAIN VILLE DU HAINAUT

Texte extrait du travail de Monsieur Théodore Bernier ecrit en 1886

GEOGRAPHIE

Nom, variantes et étymologie

Le nom de Quiévrain est écrit de différente manières dans les anciens documents ; il est désigné par Caprinium dans un diplôme du roi charles le simple en 902 ; par Cavrem dans un diplôme du roi Lothaire en 982. Plus tard, on trouve les variantes Chiuvrain, Chiévrain, Kiévraing, Kiéverain, Kévreng, Quévrain et Quiévrain.

Selon Jacques de Guyse, le village fut fondé par les Huns, sur la rivière qui porte encore aujourd'hui le nom de Hunel ou Honnelle (c.à.d. eau de Hon).

Cet auteur avance que Servius, général romain, y construisit un fort auquel il donna son nom ; que plus tard, cet endroit s'appela vulgairement Servain et en langue moderne Quiévrain. Nous ne pouvons admettre cette étymologie, d'autant plus que le plus ancien document connu désigne ce village sous le nom de Caprinium, mot qui vient du latin Capra, chèvre, Quiévre en roman ; la particule rain, autre mot roman vient du latin ramus, et signifie bois. Quiévrain voudrait donc dire bois aux chèvres.

Eugène Mannier donne la même étymologie à Quiévrechain, village contigu. On sait, du reste, que Quiévrain était situé au milieu de plusieur bois dont les noms ont été conservé : tels sont les bois de Ligne, du Deduit, d'Amblise.

Situation

La commune de Quiévrain, qui fait partie du canton de milice de justice de paix de Dour, est limitrophe de celles de Baisieux, Audregnies, Elouge, Montroeul-sur-haine, Hensies, Crespin et Quiévrechain.

Quiévrain est distant de 21Km à l'ouest de Mons, de 8Km à l'ouest de Dour, de 15Km à l'est de Valenciennes et de 10Km au sud-est de Condé.

Le cadastre divisait le territoire en deux sections : la section A dite du village : la section B dite du Saulechoit. La contenance globale était de 896 hectares 96 ares 52 centiares en 1870.

Dépendences

Ce village a pour dépendance la ferme du Saulchoit ; il possédait autrefois un hameau désigné sous le nom de Petit-quiévrain, lequel est situé près du village d'autreppe, à plus de 6 kilomètres de son chef-lieu.

Sous le rapport spirituel, le hameau du Petit-quiévrain dépendait de la paroisse d'Onnezies.

Sol

Le terrain est généralement sec mais fertile et se compose d'un sable noirâtre et graveleux mêlé d'argile : il est peu accidenté, sauf aux abords de l'Honneau qui coule dans une vallée assez profonde.

Hydrographie

Pont rustique (actuel Vert-Bocage)

Le territoire de Quiévrain est arrosé par un des affluents de la Haine, lequel prend sa source à la longueville, près de Bavai (France).

Cette rivière désignée sous le nom de Honelle depuis sa source jusqu'à Quiévrain, prend le nom de Honneau après avoir grossie par les eaux de la petite Honelle qui vient de Baisieux.

Un pont facilite le passage de cette rivière ; il est situé sur la route de Mons à Valenciennes. Ce pont existe de temps immémorial et porte le nom de pont de l'Hôpitau, à cause de sa situation près de l'ancien hôpital.

Primitivement, il était en bois ; il s'écroula plusieur fois, notamment en 1682. Un compte du massart de cette époque fait mention de sa reconstruction, par un sieur Pierre Prévot, charpentier. Au moment où nous écrivons ces lignes on vient de le reconstruire de nouveau.

La rivière dite la petite Honelle, venant d'Audregnies, prend sa source aux fontaines Marchand et Rosiar à Taisnières sur-hon, entre sur le territoire de Quiévrain au midi et se jette dans la grande Honnelle audit lieu.

Une autre rivière qui porte le également le nom de petite Honnelle (orthographiée "Aunelle" en France) prend sa source dans la forêt de Mormal, dans le département du Nord. Elle joint le territoire de Quiévrain au nord, le longe à l'ouest et se jette aussi dans la grande Honnelle.

Population

On comptait en 1469, à Quiévrain, 70 feux ; en 1806 : 1460 habitants ; en 1820 il y en avait 1743, en 1886: 680 feux et 2918 habitants, en 1910: 4950 habitants ; en 1920: 5637 habitants ; en 1965: 5861 habitants.

Les registres des naissances commencent à l'année 1661 ; ceux des décès à l'année 1685, et ceux des mariages à l'année 1661. Ces différents registre sont pourvus de tables alphabétiques.

Agriculture

Les grandes exploitations agricoles de 1886 étaient : la ferme Despiennes (70Ha), tenue par son propriétaire M. Joseph Williot-Despiennes ; la ferme du Saulchoit ou Saulçoir (90Ha), qui appartenait à Mgr le duc d'Arenberg, tenue par M. Willot et soeurs.

La Ferme du Saulçoir

Tout le territoire était cultivé en 1886 ; on y récoltait du froment, du seigle, de l'avoine, des betteraves, du trèfle, de la chicorée et du tabac ; il y avait environ 20Ha de prairies.

Industrie

Quiévrain possèdait deux fabriques de sucre de betraves. Celle MM. Olivier a été établie en 1836 ; la seconde, construite en 1857 à Carochette par MM. Willot, était, en 1886, exploitée par M. Bernier et Cie.

La Sucrerie de Mr Olivier se trouvait sur la route de Mons

Deux fabriques de chicorée mues par la vapeur était en activité en 1886; ; la première a été établie en 1869 et appartennait à M. Bataille ; la seconde en 1874 et appartennait à M. Vandendaele. Le chiffre de leur fabrication annuelle atteignait respectivement 400.000 et 200.000 Kg.

Une fonderie de fers établie en 1874 dans la rue de Montroeul, appartenait à M. Wallet.

Il existait trois moulins à farine à Quiévrain, deux mus par l'eau et le troisièmme par la vapeur. Le plus important était celui de M. Valois, plus tard appelé moulin brulé, qui possédait cinq paires de meules ; il a remplacé le moulin banal, qui appartenait par moitié au seigneur de Quiévrain et à l'abbaye de Saint-Eloi de Noyon.

Le moulin VALOIS ou BROQUET devenu moulin-brûlé (vers 1900)

Avant la révolution, les habitants de Quiévrain, de Baisieux et d'Hensies, étaient tenus de faire moudre leurs grains à ce moulin, sous peine de confiscation ; le meunier, de son côté, était obligé sous serment de ne prendre qu'un 16e pour droit de moulure. En 1760, ce moulin était occupé par la veuve Collard. Le moulin du Corbeau, qui se trouvait à la frontière et qui possèdait en 1886 trois paires de meules, était occupé par M. Dubois.

M. Désiré Saint Ghislain possédait en 1886 un moulin mû par la vapeur possèdant deux paires de meules et un moulin à vent rue du transvaal.

Brasserie BATAILLE

En 1886, trois brasseries importantes étaient en activité ; elles étaient exploitées par M. Bataille, Dubois et Vasseur. Leur production annuelle étaient de 10.000Hl. Plus tard apparus celle de Mr Achille Henry dans la rue des wagnons.

Quiévrain posseda aussi L'une des premières distributions publique et privée de gaz de la région. Un éclairage public permit une circulation nocturne grâce à la mise en place de réverbères. Un éclairage à domicile fut installé dans les principales pièces des habitations par l'usage d'un bec à manchon.

L'Usine à Gaz

Voies de communication

Quiévrain est traversé par la route provinciale de Mons à Valenciennes, laquelle a été construite aux frais des états du Hainaut, en vertu des lettres patentes de l'impératrice Marie-Thérèse, du 10 juin 1750.

Dès 1680 on percevait un droit de chausséage à Quiévrain ; il était de 4 sols sur chaque chariot de 2 sols à la charrette et rapportait alors la somme de 520 livres. La route avait alors une autre direction qu'aujourd'hui, c.à.d. qu'elle passait à droite de la ferme du Saulchoit, rue de Dour et sentier vers le breton, et Saulçoir vers Elouges

Le chemin de fer de Bruxelles à Paris, par Mons et Valenciennes, traverse Quiévrain où il y a une station et un bureau télégraphique. La section de Mons à Quiévrain a été inaugurée par S.M. Léopold Ier, roi des belges, le 7 août 1842.

Le chemin de fer de Quiévrain à Mons, par Dour, a été inauguré le Ier avril 1874. Le terrassement fut effectué par Mr Victor Fally, entrepreneur.

Vue de la gare (vers 1914)

L'inauguration du chemin de fer vicinal en 1890 permit Le développement naturel des transports dans le pays. Il mettait en communication les villages et hameaux. Il permetait de voyager entre ces 5 communes : Quiévrain, Baisieux, Angre, Angreau, et Roisin.

Banquet pour l'inauguration du chemin de fer vicinal Le tramway

Rues et Lieux dits