QUIÉVRAIN VILLE DU HAINAUT

Texte extrait du travail de Monsieur Théodore Bernier ecrit en 1886

ORGANISATION JUDICIAIRE ET ADMINISTRATIVE

l'hôtel de ville

Le village de Quiévrain ressortissait anciennement à la prévôte de Mons, ainsi que la ferme du Saulchoit, le pont, le moulin, le hameau du Petit-Quiévrain et la barrière. On y suivait la coutume de Mons.

Nous ferons toutefois observer qu'au XIIIe siècle Quiévrain semble, sous le rapport du service militaire, avoir appartenu à la prévôte de Valenciennes puisque dans la cartulaire des cens et rentes dus au comte de hainaut, dressé de 1265 à 1286, Quiévrain figure avec plusieurs autres villages au nombre des localités de cette juridiction qui devaient au comte de hainaut l'ost et le chevaucée, se le segneur en sunt semons.

Cependant à part le service militaire, Quiévrain faisant dès lors incontestablement partie de la prévôte de Mons ; ce document range notre localité parmi celles dépendantes de Mons. Les droits dont y jouissaient le comte de Hainaut, n'étaient pas très étendus à cette époque. S'i a li cuens porsuite de ses gens. Et sor origine ki est del estaphe des Valenchiènes, porsuite sor iaus de mortamain. Et si doivent dousaines et sisaines ki vont en la table d'Eslouges.

Le seigneur de Quiévrain jouissait du droit de haute, moyenne et basse justice dans toute l'étendue de sa seigneurie, savoir : à Quiévrain, à Hensies et à Baisieux. Un pilori emblème de l'exercice de ce droit, avait été élevé dans chacun de ces trois villages.

Pour exercer ses droits et sauvegarder ses prérogatives, le seigneur de Quiévrain désignait plusieurs officiers.

Le principal avait primitivement le titre de châtelain, titre qui fut, avant 1500, remplacé par celui de prévôt. Ce fonctionnaire habitait le château ; il rendait la justice et veillait à la défence des droits réservés au seigneur.

Liste des prévôts de Quiévrain depuis 1500 jusqu'à la suppression de cet emploi :

Le dernier prévot de Quiévrain fut Lambert-Henri-Joseph Motiau. C'était un lettré qui possédait une très riche bibliothèque. Les livres qui la composaient ont été donnée en partie à Mr Théodore Bernier par son petit-fils, M Eugène Patte, du cercle archéologique de Mons, décédé à Quiévrain le 10 mai 1880.

L'administration du village quand a elle était confiée à un mayeur et à quatre échevins nommés par le seigneur.

Voici la liste des mayeurs, maires et bourgmestres dont les noms nous sont parvenus :

Mayeurs :

Maires :

Bourgmestres :

Outre le prévôt, le mayeur et les échevins, le seigneur nommait encore un receveur.

Quiévrain était le siège d'une recette des vingtièmes, établie en 1604 par l'archiduc Albert ; son receveur percevait les impôts des communes de Quiévrain, Baisieux, Hensies, Neufvilles-les-Hensies, Montroeul, Marchipont et Thulin ; en 1760 la recette du bureau de Quiévrain s'élevait à la somme de 3.000 livres. Nous ne connaissons que deux receveurs : l'un François Debove, de Quiévrain, vers 1700 et l'autre Patte, de Pommeroeul, vers 1768.

Sous le gouvernement directorial, cette commune devint le chef-lieu du canton de ce nom, par suite d'un arrêté du comité de salut public du 21 fructidor an III (7 septembre 1795). Cet état de choses dura jusqu'à la révolution du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799). Le canton se composait des communes ci-après : Quiévrain, Baisieux, Hensies, Montroeul, Marchipont, Neufvilles-lez-Hensies, Erquennes, Fayt-le-Franc, Athis, Wiheries, Audregnies, Montignies-sur-Roc, Onnezies, Rampemont, Angre, Angreau, Roisin, Meaurain, Autreppe.

Archives communales

On conserve à la maison communale de Quiévrain des comptes de l'église à partir de 1649, des pauvres, de l'hôpital remontant à 1642, et quelques comptes de la massardrie datant de 1670.

Une grande partie de l'ancien greffe scabinal de Quiévrain est conservée aux archives de l'Etat à Mons. On y trouve 32 registres de 1631 à 1716 et de 1724 à 1796. Dix fardes d'embrefs dont une contient des embrefs sur parchemin de 1605 à 1721, et les autres de 1620 à 1795. Deux fardes de plaintes à loi de 1632 à 1732 et de 1740 à 1781.

Sceaux de la commune

A l'époque de son érection en commune, Quiévrain avait un sceau qui représentait les armoiries de la famille seigneuriale, c.à.d. un écusson d'or au chef bandé d'argent et de gueules de six pièces.

En 1534, la magistrature adopta les armes de Croy, écartelé de Renty, et en 1587 les armes d'Arenberg, écartelé de Croy ; la matrice de ce dernier sceau est conservée à la maison communale.

Serment des archers de Saint-Sébastien

Cette association fut érigée en 1415 par l'initiative de Simon de Lalaing seigneur du lieu, lequel résidait au château de Quiévrain. Appréciant l'utilité de l'établissement de pareille milice tant pour sa sauvegarde que pour la défense de sa forteresse, ce personnage adressa une requête à Guillaume de Bavière, comte de Hainaut, qui s'en référa à son bailli Pierre dit Brougnars, sire de Hainin. Ce dernier reconnut la companie et la dota de certains privilèges le 22 août 1415.

Des lettres patentes de Charles-Quint, datées de Gand le 12 juin 1517, confirmèrent les privilèges de la corporation. Celle-ci se composait au début de 48 compagnons, dont 24 de Quiévrain, douze de Hensies et les 12 autres de Baisieux, Marchipont et Bry ; c.à.d. qu'elle se recrutait dans les cinq villages dont Simon de Lalaing était seigneur haut justicier.

Le règlement de la gilde de Quiévrain prescrivait qu'elle ne pouvait admettre dans son sein que des individus âges de 18 ans au moins et de 40 ans au plus, lesquels étaient autorisé à porter des armes et bâtons dans tout le pays de Hainaut. A la mort d'un compagnon, son arc était vendu au profit de la compagnie. Le compte de 1680 fait mention de l'arc d'un sieur Jean-Baptiste d'Espagne, greffier de Quiévrain, lequel fut vendu par recours public, le 20 janvier 1680, et adjugé au sieur Jean Canonne pour la somme de neuf livres.

Chaque année, le lundi de la pentecôte, les confrères se rendaient à leur jardin privé, tambour en tête et drapeau déployé, accompagnés de leur "valet" revêtu d'une casaque rouge, pour tirer le "Roi d'année". Celui d'entre eux qui abattait l'oiselet était ramené triomphalement, orné du collier de sa royauté éphémère et promené par les principales rues du village. Il obtenait en outre, à titre de récompanse, un saint Sébastien en argent de la valeur d'un demi-écu.

A la mort d'un confrère, les membres étaient tenus d'assister à ses funérailles ; de plus on célébrait chaque année un service en mémoire des confrères trépassé. A la fête de leur patron, les archers assistaient à la messe et aux vêpres ; puis on procédait à l'adjudication du droit de porter l'enseigne, accordé au plus fort enchérisseur. Alexandre Pasquier fut déclaré adjudicataire en 1680 et paya de ce chef la somme de 54 sols.

Le collier du roi, qui est en argent et d'un beau travail, semble remonter à l'origine de la compagnie. Autour de la banderole, se trouve une inscription en caractère gothique, actuellement indéchiffrable, à cause d'une restauration maladroite que cet insigne a subi il y a quelques années.

Le serment de Quiévrain possédait un jardin privé, comme on l'a vu plus haut. Ce jardin, reçu de la munificence du seigneur fondateur, était derrière l'hôpital, près de la grande rivière et avait une contenance de trois huitelées, aujourd'hui 87 ares 93 centiares. Maître Jean Payois, curé de Quiévrain, en était locataire en 1664 moyennant 20 livres annuellement.

Plus tard, vers 1679, ledit jardin était occupé par Antoine Olivier, au fermage annuel de 34 livres.

A l'époque de la révolution française, cette propriété des archers, qu'ils avaient paisiblement conservée pendant près de quatre siècles, fut ravie à la compagnie. Après la tourmente, lorsque les membres survivants voulurent rétablir leur société, ils furent forcés de chercher un autre terrain pour y dresser leur perche et se livrer à leur amusement favori. En 1838, les archers maintinrent leurs anciens status par contrat authentique et donnèrent à leur confrérie, ainsi restaurée, le nom de société Saint-Sébastien.

L'ancien Octroi

Les octrois, jusqu'à la première moitié du XXème siècle, jouaient un peu le rôle de douanes : ils servaient à contrôler l'entrée des marchandises dans la ville et à les taxer.
L'ancien octroi de Quiévrain présente un certain intérêt car il est encore surmonté de l'écusson armorié aux couleurs du Hainaut, propriété des seigneurs de Quiévrain dès 1575. On peut le trouver sur la grand route reliant Quiévrain à Boussu

La Douane

La Douane

Depuis 1713, date de la division du Hainaut, en Hainaut impérial et Hainaut Français, Quiévrain et Quiévrechain avaient comme rôle central de servir de barrière douanière et poste de frontière.
La frontière franco-belge est constituée par le cours de la rivière Aunelle. En 1779, le roi de France cède aux Pays-Bas autrichiens, la partie du territoire de Quiévrechain qui se trouvait au-delà de cette rivière.
En 1972, avec la création de l'autoroute Paris – Mons/Bruxelles, la fonction de barrière douanière perdait presque toute son importance. La création des accords de Schengen vingt ans plus tard verra la disparition du poste de douane.